Wanted :Raymond Aubrac (11/04/12)

 

En période électorale, les héros défunts sont des plus sollicités et leur pensée, leurs citations revendiquées de quelque bord que ce soit. Si auparavant il était de bon ton de se référer à la parole de sa famille politique, à ses héros, ses théoriciens, il devient plus rentable de ratisser large… On savait déjà que le général de Gaulle ne comptait plus ses héritiers symboliques, mais depuis quelques temps, on assiste à de véritables prouesses : Nicolas Sarkozy cite Léon Blum, le conseiller de Marine le Pen, lui s’approprie Foucault sur l’antenne de France Culture…

 

Mais là, tout le monde est unanime à saluer le résistant avec la même promptitude que tous ont à le citer dans leurs interventions.

C’est à qui pourra se prévaloir d’être l’héritier es récupérateur.

 

Plus on recherche la caution de l’histoire, plus on s’enfonce dans le simulacre : la pièce ne pourra être rejouée, et la commémoration vire alors à l’aveu de l’impuissance à  laquelle condamne le vide que traduit ici l’intention. Le défunt ne ressuscitera pas et sa caution virtuelle ne fera jamais que rajouter quelques impacts volatiles à des fragments idéologiques instables.

Ce n’est pas tant l’idée convoquée qui compte, c’est l’à propos de la citation. En bref, on brasse du contenu historique autour du vide : faire campagne, c’est faire fonctionner une machine à vide qui autorise la chose et son contraire, c’est se prendre au jeu d’un pouvoir de l’instant. C’est aussi donner à entendre de l’émotionnel dans une immédiateté tyrannique.

 

 «  Les hommes au pouvoir ont un double problème, disait Jean Baudrillard, : dans l’ordre politique celui de l’exercer-dans l’ordre symbolique, celui de s’en débarrasser ».

Et s’en débarrasser, c’est là qu’est le pouvoir, dans la capacité à le distribuer, comme dans la capacité à s’approprier celui symbolique par l’évocation du héros.

Chacun distribue et s’attribue alors les cautions comme il prétendra distribuer les portefeuilles ministériels, en pure virtualité.

Reconnaître et louer le courage est une chose, l’instrumentaliser en est une autre…

Le politique qui se fragmente pris en flagrant délire de pillage autour de l’unité compacte d’une histoire hautement référencée… Révélateur, n’est-il pas ?

 

Marc Bozec.



11/04/2012
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