viral (24/03/20)

Nous avons dépassé le stade de l’abstraction et de la virtualité. Nous sommes au-delà du simulacre, dans le choix de l’abréaction et de l’indécision. Plus que cela, nous vivons les suites de la virtualité dans l’amplification du viral qu’elle a induit. La virtualité procède du viral, elle est hautement contaminante, elle est un vecteur de contamination consentie. Elle induit une déréalisation dont on peut se demander si, somme toute, elle ne fait pas le jeu de l’humain.

 

En soi, l’humain procède lui aussi du viral, il génère une viralité implacable adressée au monde, comme si la finalité était de le faire disparaître après l‘avoir rendu invivable.

 

Ce qui est révélateur dans la pandémie actuelle, c’est qu’elle joue de la sidération : personne n’y était préparé ni ne pouvait l’être d’ailleurs. Elle étend son champ d’action sur le mode qu’a choisi l’humain, à savoir être le virus fatal de la planète. Elle apparaît comme un double symbolique terrifiant. Pourtant, d’aucuns continuent à être dans le déni, surfant sans doute sur le sentiment d’impunité qu’a généré une hyper technicisation du quotidien ; tout y semble consommable, réversible, et induit un sentiment d’immortalité immédiate. Ce qui coince, c’est que l’on s’inscrit dans une histoire, dans une durée, celle là même de la vie. L’immédiateté sacralisée est une tentative d’extraction de la durée et de la finitude.

 

On pourrait même voir le confinement, fut-il imposé et difficile à vivre, comme une réclusion de l’humain en lui-même, une sorte de trou noir comportemental en mesure d’absorber toute forme d’adresse à l’Autre et aux autres, mais aussi à soi-même.

 

On entend déjà les critiques qui s’expriment sur le manque d’anticipation, qui visent donc du côté de la cause. Or, c’est bien la causalité qui nous échappe, puisque nous sommes dans le règne de l’immédiateté qui elle ne gère que de l’effet. C’est une forme d’impasse causale frappée du sceau de la fatalité.

 

Quoi qu’il ait pu être fait, cette pandémie devait à un moment ou à un autre se produire, et on peut penser, au regard des nombreux dérèglements écologiques, que cela pourrait bien se reproduire sur une toute autre échelle, celle de l’excès. Et on sait de l’excès que ce n’est pas la tempérance qui le mettra en échec…

 

Marc Bozec.



24/03/2020
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