violence and co ( 22/05/14)

Psychologisation et négociation, voilà les deux piliers de tout acte éducatif revendiqué comme tel dans la mouvance néo libérale de notre société.

Ajoutons à cela l’édiction, l’affirmation d’un sujet intronisé dans son autoréférenciation, la récusation de toute autorité, la réfutation du savoir comme valorisant l’individu dans le surpassement  de soi, la gestion de l’humain en termes de flux, et il ne restera qu’à poser l’incestuel comme toile de fond pour obtenir un tableau somme toute assez fidèle de notre déshumanisation progressive.

Il y a là une rare violence, celle des plus sourdes dont le surgissement laisse à craindre le pire.

Et cette violence est le fait même de la volonté d’en nier l’existence, de la reconnaître dans son indubitable présence, dans son nécessaire refoulement, fondement de toute vie sociale.

Pour que vie sociale il y ait, il faut que les effets de la violence propre à chacun soient pondérés, régulés, mais en aucun cas négociés.

Il faut que soient posées de strictes limites à ses excès, et ce, au cœur même de l‘individu ; cela fut-il douloureux, conflictuel, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un impératif rigoureux.

L’émotion, l’affect, posés en paradigmes réactifs pulsionnels sont aujourd’hui le terreau fertile de cette même violence.

Il semblerait ainsi que l’on veuille faire violence à la violence sous la forme du déni en la réduisant à une variable externe maîtrisable.

Or, il est une manière paradoxale de la générer. Et elle réside bien dans l’excès de la psychologisation et de la négociation qui réfutent la nécessaire présence d’un autre non instrumentalisable en nous mais aussi celle d’un Autre, d’un « surdestinataire », « lieu de la parole, place vide qui permet la relance », le conflit, la dualité. C’est oublier la dimension symbolique d’une culpabilité originelle partagée qui elle aussi plonge ses racines dans une dimension de la violence.

La limite, la loi participent de cette violence nécessaire faite aux pulsions.

Sans cette violence admise, pas d’ambivalence des sentiments, et pas d’individus sociaux : il y a alors pour partie perte des valeurs partagées par extraction de la potentialité de cette violence comme élément d’une rencontre, d’une opposition, d’une affirmation de soi.

Le sujet se retrouve ainsi en prise avec sa seule référence qui l’extrait d’une possible reconnaissance et le condamne à la forclusion, au huis clos face à sa propre violence mise en boucle. La fragmentation reste alors une porte de sortie factice vers la liquidation du sujet.

 

Marc Bozec.



23/05/2014
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