violence (17/05/22)

« La violence n’a pas de place en démocratie(…) Aucune forme de violence ne se justifie ». Voilà encore une des nombreuses frasques verbales significatives d’Emmanuel  le magnifique.

Voilà un homme fort oublieux de propos récents sur « la violence légitime » exercée par la police et fort peu inspiré dans la suite de son intervention, sur le registre creux du simulacre de la culture de la prévention.

 

Il y a là un fort relent de déni qui pointe : pour autant que je sache, notre société est violente par nature. C’est une violence sourde et induite qui ne dit pas son nom. Elle sévit dans le monde du travail, au sein des établissements scolaires, comme dans notre rapport à la nature, aux animaux. Elle semble trouver sa justification et être approuvée par la nécessité du profit : alors personne ne l’évoque, si ce n’est, curieusement, sur le registre du harcèlement sexuel dont les narrations défraient les chroniques judiciaires.

 

La violence la plus perverse est celle que l’individu exerce sur lui-même comme produit de consommation et de performance, celle qui fait qu’il est son propre entrepreneur. Cette violence a pour terreau une forme d’insécurité sociétale, celle d’une société dans laquelle l’hyper visibilité est de rigueur dans le « panoptique digital » (Byung-Chul Han) qu’elle instrumentalise.

 

En son temps, en 1983, André Glucksmann  disait dans « La force du vertige » : « Vous construisez un monde où la mort ni ne se donne ni ne se reçoit et où toute violence paraît moins violente que le fait d’en parler. »

 

Encore et déjà un avant-goût du déni dans les formes qu’on disait à l’époque « politiquement correctes » : appelons un chat « mammifère digitigrade familier » et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes (ce à condition bien sûr de ne jamais oublier mademoiselle Cunégonde).

 

Quelle époque épique !

 

Marc Bozec.



17/05/2023
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres