téléréalité?(26/10/13)

Le glissement d’une société patriarcale à celle fortement matriarcale qui est celle qui nous imprègne est plus que jamais perceptible.

Si la première instituait le réel face à la réalité, c’est à une radicale repolarisation à laquelle nous avons affaire.

Le rôle castrateur du père consistait à poser le langage comme institution d’un pacte symbolique pour faire face à la perte, à la séparation, la distance entre le sujet et l’objet : il disait l’échec de la fusion possible avec la réalité et la nécessité du langage, du discours pour supporter la frustration, dire la perte et instituer le désir.

Le matriarcat met en prise directe avec la réalité et abolit la distance entre le sujet et l’objet : on tend vers le fusionnel et vers l’expression renforcée d’un accès immédiat et dû à l’objet.

Plus besoin alors de l’élaboration d’un langage complexe. Il va de soi que la frustration n’est alors en rien tolérable.

L’enfant peut alors négocier en direct avec l’adulte puisqu’il l’envisage comme étant lui aussi en lice pour l’accès à la jouissance de la réalité, et donc, somme toute un égal comme un rival.

La course à la jouissance, donnée d’ailleurs comme exemple par l’adulte, devient en soi la modalité d’être au monde, voire même d’être le monde, puisque tout est accessible en direct et de manière indistincte.

C’est une forme de transport (entendu aussi au sens de l’effusion) que l’enfant va chercher à faire perdurer dans une adulescence qui devient une forme de « sous-développement durable ».

Causes et conséquences s’imbriquent dans l’expression de ce que la réalité semble devoir alors au sujet.

D’où un sujet en proie à l’excitation, à l’émotion, aux affects dont on peut douter, en fin de compte, qu’il puisse en tirer le moindre bénéfice…

Les médias avaient anticipé en instituant la « téléréalité », autrement dit le transport du sujet mis en scène dans l’immédiateté et le voyeurisme.

Téléréalité dans un premier temps annonciateur dans lequel l’écran posait une distance illusoire, et à venir réalité intégrale où plus rien ne fera écran.

Belle régression en réalité…

 

Marc Bozec



26/10/2013
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