space X (21/01/20)

Elon Musk et son space X sont en train de perturber la donne dans le monde l’espace. J’ai eu l’occasion, fortuitement, d’observer de visu, et avec une certaine inquiétude, une colonie de quelques 32 satellites en file indienne qui pourfendaient l’espace. Après quelques recherches j’ai fini par savoir ce dont il retournait. A vrai dire, je me suis demandé, le soir de cette apparition si ce n’était pas une formation improbable d’avions de chasse évoluant en très haute altitude…

 

Voilà un personnage qui prévoit d’envoyer à terme 4200 satellites dans l’espace, soi-disant pour faciliter où que l’on soit l’accès à internet. Au regard de l’immense fortune du monsieur (39 milliards de dollars), je doute qu’il ait été mu par une soudaine poussée d’altruisme…

 

Ce qui interroge, c’est le côté performance de la chose. (Sur le même registre, il a déjà placé en orbite un cabriolet de sa marque « tesla » équipé d’une caméra embarquée.)

Et dans cette performance, c’est l’excès qui prévaut : excès du nombre, excès de la visibilité, excès de la topographie, de la communication.

 

Il excède, à savoir se commet dans l’excès, il outrepasse toutes les règles pour les faires siennes. Aussi ne risque-t-il pas de se retrouver hors du jeu, puisque c’est lui qui l’initie et qui le mène en toute obscénité.

Au demeurant, il ne fait qu’illustrer à grande échelle ce qui est déjà tout azimut, à savoir une consommation effrénée du monde, sorte d’ultime potlach sans contre-don possible ; un potlach d’apothéose dans lequel rivalisent tous les excès, tous les extrêmes avec le même but : en finir avec le monde pour mieux jouir de son double dont on ne doute pas qu’il existe . C’est un double idéalisé, celui de l’illusion de tous les possibles, quand l’impossible, l’impensable est à l’horizon. Ce potlach est aussi celui de l’individu face au risque qu’il encourt d’être reconnu, identifié. Il émet des fragments de lui-même pour troubler et maîtriser son espace et il les charge de sens à vocation de leurre.

 

Le retour de médaille, la réversibilité chère à Jean Baudrillard, sera que nous serons 4200 fois plus identifiables (en termes de cible) que nous ne le sommes déjà. Et s’il finissait par en être de même pour tous les fragments d’humanité en orbite autour du sujet ? Ils risquent à un moment ou un autre, si ce n’est déjà le cas, d’être les cibles du consumérisme tout azimut qui est aujourd’hui à l’action.



21/01/2020
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