sexe et politique

Le politique s’est engagé sur le registre de l’émotionnel (Nicolas Sarkozy en est un bel exemple), sans pour autant réussir à s’extraire de la sphère forclose qu’il s’est lui-même créée.

Si la réaction émotionnelle est un moyen de gagner les suffrages en se calquant sur le modèle ambiant, il ne semble pas pour autant que le politique y ait gagné en pérennité ni en crédibilité. C’est la séduction qui prédomine dans les programmes qui se dépolitisent : il s’agit avant tout de plaire face à un électorat versatile. Morale et éthique se sont enlisées dans le simulacre du paraître. Il faut avant tout être éligible plutôt que de défendre une position réaliste et responsable. Significatifs le méa culpa du président en prise avec une étiquette de « héraut des plus riches » la tartuferie autour de la viande hallal, et la déclaration de sa femme qui se vente qu’ils sont l’un et l’autre des gens simples...

En Russie, élection contestable d’un Poutine, dont les spots de campagne sont assez édifiants : là aussi l’émotion, mais sur un tout autre registre. Ce qui est donné à voir, mâtiné de sexe, c’est l’image du super politique lover, qui a réponse à tout, en particulier sur le registre de l’intime et du sexe : avec lui, pas de problème, il assure, c’est le mâle qu’il vous faut, le complice un peu salace idéal. Les données sont différentes, puisqu’il ne s’agit pas vraiment de démocratie, ni de politique d’ailleurs.

Le point commun entre le sexe et la politique, c’est qu’ils sont paradoxalement l’un et l’autre sur le déclin, promis à la disparition au profit d’autre chose à venir.

Du sexe on sait qu’il glisse vers le genre (ce qui ouvre à la possibilité de se duper en pensant pouvoir  changer de sexe !), mais de la politique, on ne sait simplement qu’elle ne glisse pour l’instant que vers la gouvernance (terme fatal et fourre-tout qui rime d’ailleurs avec finances…).

Somme toute, plus de sexe pour moins de sexe (ne serait-ce par ce qu’il affirme notre finitude et fait de nous les héritiers en dette avec nos géniteurs), et plus de politique pour moins de politique (ce qui permet d’en faire un instrument de la réaction immédiate et émotionnelle et de s’extraire de toute perspective de durée, de temporalité à venir).

Le sexe comme le politique ont cela en commun qu’ils procèdent plus que jamais de l’exhibition quand ils devraient relever pour le premier de l’intime et pour le second d’une certaine opacité. Ils sont l’un et l’autre contaminés par une obscénité radicale et fatale.

A quand donc la politique du sexe ou le sexe de la politique ? En termes de simulacre, nous avons encore quelque avenir en attendant que la réalité ne s’en mêle. Mais jusqu’à quand l’idée de réalité sera-t-elle tenable ?

M Bozec. Mars 2012



08/03/2012
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