relation connectée (25/10/20)

Un article très intéressant de Jocelyn Lachance sur le site du journal libération de ce jour (25/10) concernant les objets connectés et la connexion permanente avec les parents :

« J’ai du mal à percevoir leur côté éducatif car ils complexifient surtout l’expérience de séparation, qui fait partie du processus d’autonomisation. Le développement de chaque individu passe par une séparation d’avec son milieu d’appartenance, un détachement physique, pour aller vers d’autres personnes et trouver une reconnaissance ailleurs. La relation connectée fait que cette séparation n’est plus une évidence. »

 

Par delà le sécuritarisme ambiant, difficile de ne pas lire la relation parents-enfants sur un autre registre. A savoir celui de la crainte qu’ont les parents du désamour qui se dédouble d’une sorte de foetalisation paradoxale. Aussi, très tôt, les enfants sont-ils dotés des gadgets derniers cris de la connectivité. Le cordon n’est ainsi jamais coupé et la relation perd de la nécessaire symbolique qui génère l’émancipation. Somme toute, et ce depuis la destitution du père, big mother is watching you », et de manière un rien incestuelle.

 

On « achète » les enfants à grand renfort de ces objets connectés, ce qui en fait des consommateurs débiteurs : ils vivent à crédit sous l’emprise de l’affectif débordant au détriment de ce qui fut la dette symbolique qui elle, ne supportait qu’un paiement « cash », à savoir vivre sa vie avec l’idée qu’il sera toujours impossible de rembourser les créanciers.

 

Les ados aujourd’hui se disent en souffrance d’être ainsi pris en charge, et s’inquiètent des attentes affectives de leurs parents au point qu’ils les devancent de crainte de les inquiéter. Quel paradoxe !

Il me semblait qu’éduquer c’était aider à grandir et que ce n’était pas toujours une partie de plaisir… Sans doute un contrecoup de la « pédagogie inverse » : les enfants vont finir par coucher les parents après leur avoir raconté une histoire…

 

Par ailleurs, dans la trop grande arborescence de la connectivité  et de l’interaction outrancière, c’est le sens même qui se perd, pris au piège du paradigme de la vitesse et de l’instantanéité.

 

Marc Bozec.

 

Article cité : « le traçage des parents, une grande violence pour les ados ».



25/10/2020
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