Réflexion autour des propos de B Stiegler(19/08/13)

« L’individu est unique, il est ce qui n’est pas substituable(…) il se distingue comme unité singulière face aux autres individus(…).Un individu n’est singulier que si son milieu est singulier. » (in « vocabulaire d’Ars industrialis », Victor Petit, in Bernard Stiegler, « Pharmacologie du FN » ed. Flammarion )

 

C’est à partir de cela que B. Stiegler envisage le possible ressaisissement de notre société, sa « recapacitation ». Il propose de mettre en place une nouvelle pensée de l’industrie et des techniques numériques dans une dynamique de l’échange et de l’appropriation des savoirs partagés contre ce qu’il nomme à juste titre la « prolétarisation ».

 

Reste à savoir si l’individu tient à faire l’effort de la singularité, si le nouveau sujet est prêt à maîtriser ses pulsions au profit d’une symbolique du désir.

Les addictions comportementales diverses dont il est l’objet, même si elles provoquent du mal-être, relèvent de l’immédiateté, théâtre de leur possible réalisation et le comblent dans l’instant (comme on comble un trou) pour le vider dans l’instant d’après.

La « transindividuation » dont il parle repose sur une forme de volonté de puissance qui, sans le désir, risque de rester lettre morte. Par ailleurs, le souci de l’Autre en soi ne me semble pas être une préoccupation du nouveau sujet.

 

Si la technique a toujours influé sur la manière d’être au monde, du moins était-elle jusqu’alors maîtrisée. Le numérique en tant que support et technique procède de l’excès, il absorbe les savoirs et incite à une démission quant à leur acquisition.

La fragmentation met en péril l’unité de l’individu et faute de cette nécessaire unité il lui est et sera particulièrement difficile et douloureux de prétendre à cette même unité, et ce quand bien même on pourrait agir sur son milieu.

 

Bernard Stiegler a cependant le mérite de proposer une réflexion constructive sur nos peurs, nos replis, nos démissions, notre impuissance et notre nécessaire courage à venir. Sa réflexion est profondément humaniste. Avons-nous cependant encore le loisir de ce même humanisme?

 

M. Bozec.



18/08/2013
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