ps I love , but not you(10/03/22)
En ces temps mouvementés, je me garderai bien de parler de la guerre. Néanmoins, force est de constater l’utilisation intensive qui est faite des réseaux de communication de part et d’autre. D’un côté on glorifie la résistance et on prend à témoins les pays occidentaux pour obtenir de l’aide, et de l’autre on pratique l’omerta totale à laquelle on associe la désinformation. A ce sujet, il est édifiant de savoir qu’Evgueny Prigojine (un des bras droits mafieux de Vladimir Poutine) ne possède pas moins de 140 supports médiatiques au service de la propagande de Wagner, son unité de mercenaires.
De notre côté, en nos contrées épargnées, on use et on abuse du « j’aime » sur Facebook. Ce qui est là aussi édifiant, c’est que c’est une sorte de guerre, économique celle là, qui se livre : chaque « j’aime » va en effet générer des algorithmes qui vont pouvoir permettre de cibler l’émetteur, de le cataloguer, mais aussi de le vendre comme cible potentielle. L’ensemble des « j’aime » collectés permet de dresser un portrait consumériste de l’émetteur, (pour l’instant…) Facebook conservant toutes les données, il est assez facile d’imaginer les dérives possibles d’une utilisation « politique ».
Nous nageons en plein « technolibéralisme » engendrant « une personnalisation algorithmique de nos rapports au réel, se modulant à nos besoins et désirs, et contre lequel dorénavant nous ne nous «cognerons plus». (pour citer Eric Sadin, article du 12/11/21 paru dans Libération)
Et quoi qu’il en soit cette connectique pseudo affective permet de se signaler sans se commettre et si elle est dirigée vers l’Autre ne fait en fin de compte que l’éloge d’un soi-même désincarné et totalement absent, et qui permet, qui plus est, de tenir l’autre localisé bien à distance…
Alors, à vos « j’aime », prêts, partez !
Marc Bozec.
NB : Narcisse, on le sait, n’a rien d’un belliqueux, lui aussi il aime…