Michel Onfray fait de la politique...

 

Dans son article du monde du 17/04/12, Michel Onfray nous livre sa vision de la campagne présidentielle, qu’il désigne sous le nom de « fête pour les passions tristes ». L’humour et l’idéal, nous dit-il, ont manqué, au profit d’une « foire aux vanités », d’un « exhibitionnisme des ego ».

 

En bon philosophe solaire qui prêche pour sa paroisse, il y oppose « les passions joyeuses(…), celles qui augmentent la puissance d'exister, qui créent, assemblent et rassemblent, fédèrent. Elles ne se trouvent pas dans la politique politicienne, mais dans la politique citoyenne ».

Certes, après l’exhibitionnisme des ego, nous voilà renvoyés à l’éthique des égaux, (le propos est séduisant), mais aussi au surdimensionnement de l’ego.

 

La conclusion de son article nous conforte dans la légitimité de ne pas voter ou de voter blanc.

Bon, somme toute, les ténors de la politique n’ayant pas été à la hauteur d’un hédonisme rigolard et chahuteur, rien de tel pour s’affirmer (et qui sait pour  punir les politiques), que de s’extraire de tout choix électoral.

D’aucuns me diront que ces deux attitudes procèdent d’un engagement, d’une prise de position politique, mais de grâce qu’ils ne tiennent pas longtemps le propos sous peine de me faire exploser de rire…(le politiquement correct pouvant, les bons jours, me pousser à une franche hilarité, ce à condition que cela soit bref !)

 

On croit lire entre les lignes un appel à des politiques vertueux, soucieux d’une éthique « de conviction » et de « responsabilité ». Je me permets de rappeler au passage que « Robespierre », qu’il qualifie à juste titre de « fanatique », était de ceux-là…

Alors quid du jeu des politiques ? En bon philosophe de l’antiquité, Michel Onfray devrait se rappeler des jeux du cirque, et de ce que demandait et demande aujourd’hui le peuple…

 

« On espère toujours un aveu par le politique de son inutilité, de sa duplicité, de sa corruption. On guette toujours une démystification finale de ses discours et de ses usages. Mais le supporterions-nous ? Car le politique est notre masque, et si nous l’arrachons, nous risquons de nous retrouver avec une responsabilité à vif, celle-là même dont nous nous sommes dessaisis à son profit » (Jean Baudrillard in « le pacte de lucidité ou l’intelligence du mal »).

 

Le politique évolue dans sa sphère, en boucle, et les règles du jeu qui y font autorité, n’offrent guère de prise à l’éthique. En effet, c’est de pouvoir dont il est question, et pas de citoyenneté.

 

Attendre du politique qu’il soit éthiquement festif et citoyen, c’est un peu prendre des vessies pour des lanternes. Mais en bon papillon de nuit solaire (l’antinomie lui sied parfois si bien), Michel Onfray ne devrait pas trop s’y brûler les ailes…

A quand une cible digne de ce grand médiaphilosophe ? Je lui suggère de s’en prendre un peu à lui-même, question éthique et honnêteté, il a de quoi faire…

 

Marc Bozec.

 

 



18/04/2012
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