Loin de soi... (07/05/14)

Loin de soi, disait en substance Clément Rosset, on ne se porte que mieux…

Il soulignait ainsi les limites de l’introspection à outrance, et ce que Michel Foucault rangeait au registre de l’aveu, plaçant alors la psychanalyse comme «  prolongeant par son dispositif le registre inquisitorial de l’aveu » comme le remarque Roland Gori.

Notre nouveau sujet, évoqué au long des pages de ce blog parfois endormi, est dans le paradoxe suivant : il est égocentré, autoréférencé, mais en même temps fragmenté, dispersé en soi comme hors de soi, et souvent hors de lui, ce, sur le mode de l’excitation et de l’affect.

Somme toute, il est sans être ; en délocalisation séquentielle, il aspire à une transparence qui frôle l’obscénité et à une multiplicité fragmentaire techniciste et performative.

Roland Gori pose qu’aujourd’hui « l’homme est d’abord et avant tout la somme de ses performances dans ce grand champs de compétition qu’est la vie ».

 A cela je rajouterai le bémol suivant : pour qu’il y ait compétition, il faut qu’il y ait un enjeu et un adversaire. Et je me demande si vraiment notre nouveau sujet est en mesure d’assumer l’affrontement, ce d’autant que dans son fonctionnement il procède à une exclusion de l’autre au profit d’une forclusion réactive, et d’une réification, et se complet dans un mode de fonctionnement incestuel qui le met plus souvent en position de victime velléitaire de que combattant assumé.

De plus le champ probable de cette compétition suppose un espace dans lequel elle puisse prendre place, une distance à l’autre qui permette d’affirmer son identité propre face à celle d’un tiers lui aussi reconnu, fut-il comme adversaire. A défaut de compétition, il me semble plus raisonnable de parler de conflits d’intérêts, de heurts, de frictions.

Par delà la fragmentation, il semble que notre sujet s’oriente plutôt vers une transparence performative assistée, (plus ou moins malgré lui), par une hyper technicité ambiante qui lui permet de s’extraire du réel en toute impunité. La technique et la performance en flux tendu comme nouveau paradigme sociétal ? Affaire à suivre, la dérive va bon train…

 

Marc Bozec.

 

Ps : sur les dérives actuelles de la psychanalyse et de nos sociétés, lire, entre autre, « faut-il renoncer à la liberté pour être heureux » de Roland Gori aux éditions LLL.

 

erratum : il ne s'agit pas bien sûr des dérives de la psychanalyse, mais de celles de la psychiatrie... Roland Gori, comme Jean Pierre Lebrun ou Charles Melman, font de la psychanalyse un outil de lecture pertinent de nos dérives et la réaffirment comme une thérapie du sujet.



07/05/2014
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