le grand saut : réponse à Pierrick (26/01/21)
Perte du libre arbitre, algorithmes, disait Pierrick dans son commentaire. Peut-être pourrait-on rappeler d’abord le propos de Paul Virilio : « l’accélération du réel allant aujourd’hui avec la perte de tout self control », nous subissons la dictature de « l’emportement » et de « l’accélération des flux », ce dans le cadre d’un « communisme des affects synchronisés ».
Le temps comme l’espace ne sont plus perceptibles puisqu’ils ont succombé à la vitesse au service de l’immédiateté. Et effectivement pour servir cette immédiateté sérielle, quoi de mieux que des algorithmes face à la lenteur présupposée de la pensée humaine. Tout est modélisé ainsi, avec cela de paradoxal qu’il semble que tout soit devenu indécidable, que tout soit réversible et que tout se valle. C’était bien le message de l’art moderne que cette équivalence généralisée…
Alors quid du libre arbitre ? Kant nous dit donc que nous ne sommes libres que moralement, c'est-à-dire indépendamment de toute inclination sensible (le voilà bien loin des « passions » de ce siècle). Et que dire de ce concept défini en tant que faculté de la volonté d’opérer un choix en toute liberté ? Il faut sans doute un tant soi peu de recul, de temps pour le choix, comme il faut un tant soit peu d’espace et de temps pour l’expression de la liberté… Les avons-nous vraiment ? L’adhésion à la vitesse et à une immédiateté fractalisée et sacralisée ne laisse guère d’illusions dans un avenir proche…
Marc Bozec.