intelligence artificielle (05/12/13)

L’intelligence artificielle gagne du terrain : sans doute l’a-t-ton ainsi nommée pour la différencier d’une forme d’intelligence naturelle dont on peut mettre sérieusement en doute la perspicacité, la sagacité, la finalité et qui ne semble ces derniers temps être plus du côté du mortifère, du destructeur que d’autre chose.

Le terme d’intelligence désigne d’ordinaire la capacité à appréhender et à organiser les données d'une situation, à découvrir les solutions originales qui  permettent la compréhension, l’adaptation  à l'action éventuelle. L’intelligence étant alors la capacité réactive qui permet de répondre à une situation nouvelle.

 

L’intelligence artificielle est purement algorithmique. Elle fonctionne sur le principe de la modélisation et de l’interconnexion d’une multitude de données (données massives ou « big data ») dont le séquençage aboutit à des probabilités renforcées de choix en définissant une cible comme champ d’application et de réalisation.

 

Quelques exemples : « deep nude » qui permet à quiconque de mettre à nu (au sens propre) une personne dont on capture des portraits sur les réseaux sociaux, « gospel » qui suggère aux militaires israéliens la pertinence d’une cible, « fire factory » qui attribue des cibles aux drones et avions, celles qui gèrent les moteurs de recherche des ordinateurs, les téléphones portables (sur le mode « influenceurs »), celles qui se mettent en place en médecine (pronostic, lecture d’imagerie, suivi  de patient, chirurgie robotisée…)… En bref des procédés qui demeurent invasifs et qui réduisent somme toute l’humain à un champ de probabilités, (voire à une cible), sans pour autant qu’il soit consentant.

 

Si elle peut être considérée comme supplétive en médecine ou pour les militaires, dans certains des autres cas évoqués ci-dessus, elle n’est pas sans suggérer une démission de l’intelligence, au profit d’un maternage tout azimut qui entretient le paradoxe de la liberté de choix et qui vante la jouissance comme paradigme.

Il est à parier qu’elle ne restera pas bien longtemps dans sa fonction de complément quand on voit les efforts démesurés d’un Elon musk qui  prédit et orchestre son autonomie totale.

 

Le « big brother is watching you » en version soft, mais aussi un blanc seing sous couvert de la foi absolue en la science qui permet alors un transfert démissionnaire de tout ce qui fait autorité au profit d’une supra autorité incontestable, celle du chiffre, celle de la multitude de données, sorte de nébuleuse inaffrontable et maternante.

 

Il semblerait qu’elle soit la seule à pouvoir « décider » face à la multitude des possibles que d’ailleurs elle génère elle-même et dans laquelle elle excelle à ce que les « cibles », puisque c’est en ces termes qu’il faut parler de l’homo consumptoris , fassent de la consommation un véritable dogme.

 

 

Marc Bozec.

 



05/12/2023
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