Individu et société (2)

Face aux pressions extérieures, la réaction est de créer une sorte d’intériorité tampon qui supplante un espace devenu hostile et instable.

Cette intériorité, intériorisation implique une hyper compression insoutenable. L’unité supposée de l’individu vole alors en éclats, en fragments autonomes qui sont autant de possibles parfois antagonistes de l’expression du sujet.

De manière réactive, mais aussi par induction, par réversibilité, la solution qui s’est imposée est la fragmentation.

Envisageons l’espace, celui dans lequel s’opère la fragmentation, mais aussi celui qu’elle génère.
Le premier est celui du simulacre, de la synchronisation paradoxale du social, dont on a vu qu’il était pour partie, à l’origine de la réaction du sujet. (ce qui étonne, c’est que le sujet se fragmente, mais que le social donne l’illusion d’une synchronisation des désirs et des comportements, comme s’ils étaient uniformisés et s’adressait à des individus).
Le second est celui-là même du sujet, l’espace de sa propre expression. Il semble qu’après l’expansion du tout à libérer, du tout à jouir, du tout festif, cet espace ait trouvé ses propres limites et se soit effondré, fragmentant le sujet, pour se modifier à nouveau sous la poussée incontrôlable d’éléments interéactifs.
On peut aussi poser l’hypothèse du social phagocyté par l’individu : chacun n’hésite pas à revêtir l’habit de la revendication,  en porte le masque, prélevant du social à des fins propres. Il y a une consommation quasi hystérique du social et de ses manifestations de la liesse comme de l’indignation ou de la colère. Les rares mouvements sociaux auxquels nous assistons semblent plus s’inscrire dans la forme que dans le fond, dans l’instant que dans la durée, et quoi qu’il en soit sont « dépolitisés ».
L’individu ne s’inscrit plus dans la masse, il n’est plus en référence à la masse, il « fait masse », se fait masse, en absorbant et en concentrant ce qui en émane : plus que jamais il est auto référencé. Il fonctionne en boucle sur lui-même, avec lui-même comme centre, épicentre du réactif et la réalité s’en trouve encore plus « déréalisée »…
Le sujet devient ainsi des plus instables et peut passer de la manifestation de l’hystérie à l’atonie la plus totale. Auto référencé, il n’a de repère que cette même instabilité qu’il érige alors en système et qui l’écarte de toute éthique : à quoi bon édicter des principes de conduite de vie qui ne supporteraient pas l’écartèlement entre les fragments eux-mêmes auto référencés.

 

Marc Bozec.



17/03/2012
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