extrêmes (07/11/20)

Nous sommes plus que jamais dans une logique des extrêmes. Des extrêmes, d’ailleurs, sans extrémité à envisager.

Qu’on se rappelle les propos de Jean Baudrillard dès 1983 : « les choses ont trouvé un moyen d’échapper à la dialectique du sens qui les ennuyait : c’est de proliférer à l’infini, de se potentialiser, de surenchérir sur leur essence, dans un montée aux extrêmes, dans une obscénité qui leur tient lieu désormais de finalité immanente, et de raison insensée. » (In « les stratégies fatales »)

 

La pandémie du covid aura permis cela ; c’est d’éclairer le processus sur  le mode de la contamination virale fatale. Pas de retour en arrière possible, mais une vitesse vertigineuse, une accélération globale des phénomènes.

Extrémisme religieux, politique, économique, éducatif, psychologique : rien n’est épargné et tout  fait écho, comme pour une justification implacable et mortifère, une légitimisation furieuse, hors de contrôle.

 

Tout fait écho de manière ubuesque, mais rien ne fait sens, ni ne cherche d’ailleurs à en faire. Pour qu’il y ait du sens, il faudra, encore une fois qu’il y ait une temporalité : celle de l’expression des sens possibles. L’immédiateté réactive dont le monde fait preuve ferme toute possibilité au sens. Il faut réagir, vite, voilà le mot d’ordre : c’est la capacité à jouer de la vitesse qui fait autorité.

 

L’individu est poussé aux extrêmes : ceux de sa propre instrumentalisation, de sa propre production en tant qu’individu se produisant, de la mise en abime de sa réactivité et de sa disponibilité à réagir, ceux de son « ubiquité culturelle », de son adhésion à l’instantané, ceux de la recherche de l’autre comme caution narcissique, ceux de la recherche d’une identité fugitive, en miroir.

 

Son aujourd’hui évoquerait le parcours d’une bille de flipper condamnée à rebondir à perpétuité, condamnée à réagir, à réitérer, à reproduire à répéter les mêmes courses à l’infini.

 

Nous sommes confrontés à une société des extrêmes et l’extrême a fini par tout contaminer. Trump, complotistes, terroristes, même combat ?

 

Si l’excès était jusqu’alors le signe de nos sociétés, il semble avoir muté en extrême et dessiner une asymptote à la courbe du temps en sonnant le glas de toute forme de régulation.

 

Affaire à suivre…

 

 Marc Bozec.



07/11/2020
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