des mots, des maux, démo (15/05/23)

Notre démocratie, pour autant que ce terme prétende à avoir encore un sens face à l’incurie du politique, fait aujourd’hui figure de précipité instable.

 

Tout se joue hors de toute temporalité, de toute revendication temporelle, incluant autant le passé (sujet au déni et à la réfutation), le présent (sacrifié à l’immédiateté, à l’instantanéité), que le futur (entité abstraite sujet au malaise du simulacre et de l’annonce virtualisée).

 

A cela on pourra ajouter un désengagement significatif et cynique de nos gouvernants à haut niveau, une forme de souveraineté du vide. Tout se décide en l’instant sans étayage préalable de la structure, comme impulsivement, compulsivement, dans un réactif excessif du discours, dans le déni de la proximité de l’entropie de notre système.

 

C’est ce qui permet à notre président, et à ses disciples, de dire la chose et son contraire sans ciller et de ne respecter quasiment aucun de ses engagements politiques initiaux. Cela aussi parce que le politique, comme une partie de la société a cessé de s’inscrire dans la temporalité, dans l’historicité, dans la mémoire comme dans la responsabilité.

 

Ce même président, autoréférencé, égotiste  à l’envi, fonctionne dans l’abstraction totale de ce qu’il devrait être, à savoir un élu représentant du peuple, que d’ailleurs, au passage, il méprise.

C’est la personnalité même de cet individu qui devrait nous inciter au questionnement sur nous-mêmes et sur ce que nous sommes prêts à ne pas voir, à oublier, à éluder, à réfuter au prétexte que nous serions tous (encore une fois) égos en droit et que, quoi qu’il en soit nous avons tout d’abord des droits. C’est l’absolutisme des égos incarné  par un égotiste absolu. A quand la fin du profit, de la jouissance, à tous niveaux, comme modèle comportemental ?

Sans doute ne faudrait-il pas attendre que d’excès en excès ce soit la réversibilité qui l’emporte et au pire l’irréversible. Mais peut-être est-il déjà trop tard ?

 

Affaire à suivre… L’excès est cependant contagieux, et il ne se laisse combattre que par l’excès.

 

Rappelons au passage ce que Jean Baudrillard disait : « la dénégation de la réalité est en soi terroriste. Tout vaut mieux que de la contester en tant que telle. Ce qu’il faut sauver, c’est avant tout le principe de réalité. (…) Toutes les stratégies sécuritaires ne sont que le prolongement de la terreur. » ( in « Power inferno). Et je rajouterai de la déréalisation en marche.

 

Nb : notons le significatif du choix du mot « renaissance » pour un parti qui tourne en boucle; une forme de pulsion d’éternel retour ?

 

Marc Bozec.



15/05/2023
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