dépaysement (20/09/22)
L’art, celui des peintres, a distancié notre regard sur notre environnement, au point de ne plus le considérer que par le prisme de l’esthétisme ; il est à l’origine du paysage, quand auparavant, il ne s’agissait que d’être immergé dans un espace dont seul le temps estimait l’étendue. En effet, pas de mesure abstraite, mais seulement celle de la durée nécessaire à le parcourir. C’était le plus souvent un espace de proximité, de par les modalités de déplacement. La vitesse des déplacements technicisés a amplifié cette mesure étalon de la géographie en abolissant les distances avec le fol espoir de la concrétisation de l’immédiateté, voire de l’ubiquité.
Aujourd’hui, la perception que nous avons de la Nature procède de ce même esthétisme devenu forcené : il faut avoir fait tel ou tel site touristique (ce « faire » est d’ailleurs significatif), percevoir les écosystèmes en termes de narration écologique, sacrifier aux rituels d’espaces « verts » domestiqués, en bref mettre en place quantité de rituels qui peuvent donner bonne conscience en la phase de dérèglement systémique qui se confirme de jours en jours. On consomme du paysage, de la nature comme on consomme toute chose, devenant soi-même un objet de consommation en errance.
Il serait temps de se poser la question du pourquoi et du « vers où » comme celle du « combien de temps », voire même du « qui ».
Les solutions technicistes en réponse à l’excès du technicisme ne font rien pour arranger les choses. Peut-être serait-il temps d’oublier le paysage et de penser autrement notre place en ce monde dont, après tout, nous ne sommes qu’un élément parmi tant d’autres.
Ah, je vous le demande, mais que font nos penseurs ? Ils pensent, et même bien pour certains, mais malheureusement loin de ceux qui décident, qui eux ne pensent pas, mais gèrent du très court terme.
On ne sait pas où on va mais on y va tête baissée…
Encore une foi, on vit vraiment une époque formidable !
Marc Bozec.
Quelques penseurs qui valent le détour: P Servigne,J Blamont, A Barrau (et en son temps, A Dumont)