démocratie (20/01/24)

Démocratie : « Forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple ». Voilà ce qui serait censé être, même si on peut continuer à ce demander si un jour quelque peuple que ce soit ait pu jamais avoir le pouvoir ; au moins en auront-ils eu plus ou moins l’illusion, fut-elle parfois douloureuse.

Le concept est-il seulement encore valide ?

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la souveraineté est plutôt du côté de la communication, communication sur le registre de l’impératif catégorique, paradigme de l’autoréférenciation.

Ainsi, nos politiques se sentent-ils justifiés sitôt qu’ils se répandent sur les réseaux sociaux, et cela, au point qu’ils les instrumentalisent à l’envi comme s’il s’agissait de les saturer pour éviter tout temps de distanciation possible. Ils les saturent d’informations réactives aux faits divers, mais aussi relatives à leur vie privée, dans une certaine mesure bien sûr, du moment que ce qui est révélé, dévoilé, puisse servir à forger un peu plus leur mythologie politique.

Le tout se déroule dans l’immédiateté et sur un rythme effréné comme pour échapper à la temporalité nécessaire à la réaction, à la prise de position ou au possible débat. La « véracité » est comme saisie dans son propre reflet à la manière de Narcisse et ce jusqu’à la narcose. Le résultat en est une forclusion du monde de nos gouvernants qui se retrouvent pris au piège de leur propres stratégies de séduction et d’enfumage et qui finissent certainement par croire à l’écho de leurs propos, et ce sur le registre de la jouissance mais aussi invariablement de la dépression (aux sens multiples du terme, économique comme psychologique) : sans production d’eux-mêmes, de l’image d’eux-mêmes, ils finiraient par dépérir, par disparaître des écrans et donc par perdre du pouvoir.

Quoi qu’il en soit, cette absence (ou ce déni) de temporalité ouvre grand la porte au parjure et au retournement des propos.

Il en est ainsi de la logorrhée présidentielle relayée tant par les médias, par les communicants de l’Elysée que par les réseaux sociaux divers qu’il instrumentalise. Ce ne sont pas des votes qui auraient dû le conduire au pouvoir, mais des « like », et un comptage de « folowers ».

Et là, il n’y a plus de représentativité, d’élu représentant du peuple, mais une forme de dictature de la communication, la « communicocratie » en marche.

« La démocratie est le pire système de gouvernement, à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire » déclarait Winston Churchill  à la chambre des communes en 1947. Et si on veut compléter son propos il ne faut pas omettre qu’il a dit dans le même discours : «  La démocratie n'est pas un lieu où ou obtient un mandat déterminé sur des promesses, puis où on en fait ce qu'on veut (…). Nous estimons qu'il devrait y avoir une relation constante entre les dirigeants et le peuple. "Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple": voilà qui reste la définition souveraine de la démocratie ; »

Il n’était pas paré de toutes les qualités, loin de là, ( on se rappellera de Mers El Kébir…) mais le propos valait le détour historique (il n’y a pas de raison que ce soit l’apanage de notre prince président qui finira bien par se dire plus gaulliste que De Gaulle en personne !)

A quand un véritable ministre de la propagande ? Goebbels a sans doute des émules des plus aptes dans cette époque de radicalisation tout azimut du propos.

En tout état de cause, la démocratie ne semble plus être ce qu’elle était…

On vit une époque formidable !

Marc Bozec

 

 

 



20/01/2024
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