démission des missions (04/11/22)

Pour faire suite à un de mes précédents articles, il me semble que notre ministère de l’Education est, à l’instar de l’individu, en proie à la fragmentation, fragmentation qui est elle aussi vecteur de déni. Fragmenter, se répandre en fragments, est une manière de fuite et de déstructuration qui rend le sujet insaisissable comme elle le rend protéiforme au point qu’on ne puisse plus l’identifier. On a affaire à un sujet tout azimut, disponible à l’excitation ambiante, pluri pulsionnel et « désassumé », clivé à l’envi, sans unité, sans altérité et extrait de temporalité, d’historicité et en voie de déréalisation complète.

 

Ainsi en va-t-il de notre ministère national qui émet à tout vat toutes sortes de fragments à défaut de se recentrer sur un réel projet. Traiter de l’école, de l’enseignement, ex nihilo, sans tenir compte des bouleversements sociétaux relève du tour de force. Ainsi les élèves, dans le sein de l’EDUCATION  seraient-ils un de ces fragments satellitaires en orbite autour de la société sans pour autant en subir les influences. L’informatique tenue comme la solution face à la déliquescence relationnelle n’est ni plus ni moins qu’un lapsus qui dit la démission du système.

 

C’est aussi un transfert assez pervers qui consiste à vouloir que la machine (ordinateur, smart phone) se substitue tant à l’enseignant qu’à l’institution. On attend sans doute de ces machines qu’elles confèrent l’autonomie par le biais de l’intelligence artificielle, laquelle on le sait ne procède que par des raccourcis de causalité assez sommaires et fort éloignés de tout mode d’apprentissage digne de ce nom qui présuppose une confrontation tant à l’objet du savoir qu’à l’autre qui en est aussi détenteur, qu’il soit transmetteur du savoir ou qu’il soit un coreligionnaire. Cette « intelligence » cible et fait que le sujet se complet dans son propre monde forclos. Après être son propre maître comme son propre esclave, voilà notre sujet intronisé sujet de sa majesté numérique.

 

En d’autres temps, on eut qualifié un tel système de démissionnaire… Enfin, la chute de Rome n’a-t-elle pas commencé lorsque l’on a confié aux esclaves de soin de la gérer ? Il me semble que l’on continue vraiment sur le registre de l’incurie et du mépris.

 

Affaire à suivre…

 

Marc Bozec



04/11/2022
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres