barre à droite toute, dans le mur... (11/06/24)
Nous approcherions-nous du « degré zéro de la politique », celui-là même dont parlait Jean Baudrillard ? A moins que nous ne soyons dans une forme d’asymptote à la courbe du politique… Pour faire simple et illustrer ce concept mathématique, imaginons un escargot à quelque distance d’un mur (ou d’une salade, pour les animalistes) et parcourant chaque jour la moitié de la distance parcourue la veille. Mathématiquement, il s’approche du mur (ou de la salade) sans jamais pour autant pouvoir l’atteindre un jour.
Ainsi, de régression en régression politique quasi quotidiennes du gouvernement, tendrions-nous vers une disparition du politique, l’expression de son degré zéro, sans pour autant qu’il ne disparaisse totalement ?
C’est sans doute ce à quoi aspire une bonne partie de l’électorat, par des votes sanctions, des votes versatiles, ou de l’abstention, voire la validation de thèses complotistes. Ce serait aussi une illustration de ce que le peuple, aussi souverain soit-il, ne veut pas du politique, qu’il le relègue à la sphère des hommes politiques pour s’en débarrasser. Les dernières performances de l’extrême droite montrant que c’est aux pires qu’on confie le soin d’en finir avec le politique.
Le politique est ce qui relatif à l'organisation, à l'exercice du pouvoir dans une société organisée. Or l’individu, le nouveau sujet plus exactement, ne souhaite de pouvoir que celui qui consiste à servir à l’édiction et à l’avènement de son égo jouissif et ce, loin de l’autre perçu comme obstacle quand il n’est pas instrument. De l’organisation de la société, il n’en a cure si elle ne le sert pas.
Alors pour se débarrasser un peu plus du politique, quoi de mieux que de choisir un parti populiste, fasciste et incompétent prônant la haine de l’autre , qui, n’en doutons pas, aura tôt fait de réduire le politique à portion congrue, soit à plus ou moins zéro, tout en en conservant un succédané à agiter vaguement en cas de besoin hypothétique.
Cette « vague brune » est la résultante d’une société qui fonctionne sur l’émotion, le pulsionnel, l’affect, l’irrespect et le déni. Il y a bien là le terreau propice à l’avènement des extrêmes et entre autre, aujourd’hui, l’extrême droite, expression d’une société incestuelle qui pratique l’amalgame et la confusion des registres.
En fin de compte, on ne vit pas une époque si formidable que ça…
Marc Bozec.