Vision du corps(31/07/12)

Au regard des perspectives de devenir de l’individu telles qu’engagées par les nouvelles technologies (nanotechnologie, biologie, informatique et sciences cognitives : les NBIC), se profile une complexité vertigineuse.

Le corps, ainsi que nous l’avions décrit avec Pierrick Hamelin, est plus que jamais un espace recentré de conquête : vitesse et immobilité conjuguées qui sont les paradigmes contemporains, livrent le corps à une exploration performative.

Ce ne sont plus les plasticiens qui en font l’objet de performances, mais c’en sont les limites qui motivent aujourd’hui une investigation pragmatique. Ce corps n’est plus à la hauteur en quelque sorte : il vieillit, est sujet à la maladie, et ses fonctionnalités apparaissent comme autant d’obstacles à la réalisation optimalisée des désirs, de la jouissance et des pulsions de l’individu.

Ce vers quoi tendent les NBIC, c’est un humain « augmenté » ; d’abord un  transhumain, puis un post humain pour lequel on nous parle déjà d’immortalité.

Ce qui est sidérant, c’est que la recherche est pour partie le fait d’ordinateurs super puissants (un million de milliards d’opérations par seconde) dont la capacité à s’auto améliorer (leur puissance double tous les 18 mois) donne à la recherche l’aspect d’une entité autonome qui inquiète quelque peu.

La vitesse à laquelle les découvertes se succèdent ne laisse guère de place à une réflexion posée. L’esprit semble être distancé avant même de tenter de prendre part à la course.

Cependant, tout système connaît son degré d’entropie, et la vitesse présuppose l’accident…

La croissance exponentielle de techniques qui elles aussi s’auto-génèrent, considère l’humain comme champ d’exploitation de possibles illimités. Les limites physiques du corps (celles de son espace « géographique », mais aussi celles de son organisation interne) le supporteront-elles ? D’aucuns parlent déjà de s’en affranchir… Curieux retour de cette vieille idée du corps-machine chère à Descartes et de l’affirmation d’une dualité corps-esprit.

Là encore, la fragmentation risque fort d’avoir son mot à dire…

 

Marc Bozec.



31/07/2012
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