pédagogie amarrée basse (05/01/14)

Sur un registre purement pratique, face à la baisse des niveaux, ceux de la concentration, de l’attention, des acquisitions des élèves, je m’étonne (si, si, je suis joueur) de ce que l’Education nationale ne se résolve pas à considérer le problème sous l’angle de la relation à l’adulte et du nombre d’élèves par classe.

Comment faire en effet pour maintenir un niveau d’attention suffisant face à des élèves devenus « furtifs », fuyants, et qui sont cependant dans un rapport exclusif et dévorant à l’adulte ? Et ce d’autant lorsque l’on compte 30 élèves dans une même classe à l’école primaire…

Il serait d’ailleurs plus pertinent de dire qu’ils consomment l’adulte comme ils sont consommateurs des activités pédagogiques. Ce sont des consommateurs au sens où ils s’inscrivent dans l’immédiateté d’actes d’apprentissages momentanés, que les acquisitions sont souvent très fragiles, les réinvestissements difficiles et douloureux.

L’époque qui se veut à la négociation n’aide en rien à mettre le bâton dans la gueule du crocodile lacanien : les comportements sont aussi à la dérive, ce qui n’arrange rien !

 

Le présupposé de l’Education nationale est inscrit dans un paradoxe qu’il convient de relever : on voudrait que tout fonctionne comme cela fonctionnait il y a quelques décennies (taux d’encadrement, programmes, résultats), mais on se réclame de la modernité dont la caution semble être le « tout informatique » et qui voudrait la différenciation et la réussite pédagogique comme paradigmes de tout acte d’enseignement. Le tout sans moyens humains, sans formation continue digne de ce nom…

Le retour de bâton ne se fait pas attendre : cela ne marche pas. Et puisqu’il faut en tout un responsable, c’est sur les enseignants qu’on dire à boulets rouges.

Rien d’étonnant à ce que bon nombre d’étudiants se détournent de la profession (mal rémunérée) et que le métier se féminise à l’excès (ce qui correspond bien à la société maternelle qu’est la notre, et dont nous avons déjà parlé).

 

Il y a une dépréciation sans précédent de l’acte d’enseigner et un refus catégorique de toute procédure relevant de la transmission des savoirs : il ne faut plus que l’enfant s’élève, mais il faut qu’il communique et s’approprie des procédures en étant « acteur de sa propre pédagogie ». Et encore une fois, force est de constater que cela ne marche pas.

 

Il y a dans l’air, dans la sacralisation du support numérique, l’idée de se passer de l’adulte enseignant. En voilà une bonne idée pour que notre nouveau sujet s’auto-référencie sur le mode exponentiel et fragmentaire !

 

Marc Bozec.



05/01/2014
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