Norme et performance ( 29/04/13)

Si pour Charles Melman, « la seule norme aujourd’hui c’est d’être vendable », je rajouterais qu’il faut dans le même temps être performant.

Le nouveau sujet est un performeur : il produit le spectacle de lui-même dans une instantanéité des plus fugitives, et revendiquée plus ou moins consciemment comme telle.

Et cette performance est indissociable de la notion de rendement.

Il faut aujourd’hui produire, mais aussi vivre dans la perspective du rendement. On nous exhorte à consommer, consommer des biens mat »riels, mais aussi à consommer de l’autre en l’instrumentalisant, et à se consommer soi-même.

Il devient difficile d’être un, indivis, et faute d’histoire et de direction à prendre, le nouveau sujet se répand en fragments, comme seule réponse envisageable aux stimuli dont il est la cible.

 

En retour, sa propre demande, sorte de légitimité de l’esclave, est d’être excité en permanence par des successions de fragments qui sont autant de simulacres du réel.

De par son regard, par le jeu de la réversibilité, le monde perçu et attendu comme fragmenté, semble produire un excès de fragments qui le rend crédible. Il n’est en fin de compte perceptible qu’en tant que virtualité fractale tant la contamination est radicale.

Le principe de causalité est ainsi battu en brèche et les chaînes causales du langage comme du comportement disparaissent au profit d’une instantanéité, d’une simultanéité d’émission de fragments apparemment autonomes.

De valeur, il ne subsiste que celle produite dans l’instant de sa consommation ; c’est la fulgurance de l’émission qui prime. Elle rend toute cotation improbable puisque extraite de toute historicité.

Le nouveau sujet, pour reprendre en substance le propos de Charles Melman, « ne sait pas d’où il vient, où il est, et n’a aucune idée de là où il veut aller… »

 

Marc Bozec.



29/04/2013
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