limitation de vitesse(17/04/12)

Jakarta, capitale de l’Indonésie est en passe de connaître d’ici à deux ans, le plus radical des immobilismes. Avec une densité d’environ 14000 habitants au kilomètre carré (Paris en compte 21000), et une insuffisance de transports en commun, la ville est embouteillée environ six heures par jour. Les prévisions à deux ans prévoient une impossibilité de circuler dans la ville.

Toutes les administrations y sont concentrées, ainsi que les sièges des entreprises, et 60% de la population s’y déplace en voiture.

Hyper concentration d'une ville prise de vitesse par sa propre vitesse de croissance et par la nécessité de s’y déplacer rapidement. On serait tenté de dire que le produit de la vitesse par la vitesse est égal à l’immobilité.

On peut y voir un accident, au sens évoqué par Paul Virilio, c'est-à-dire, ce qui révèle, ce qui relève les substances : « accidens », en latin, ce qui arrive.

L’hyper compression va de paire avec la simultanéité, la synchronisation des excès, et le résultat surgissement comme passage dans le temps et qui marque chaque substance, est un verrouillage, une impossibilité à faire comme à trouver une solution (depuis 50 ans les gouvernements cherchent sans succès à prévenir l’inévitable).

Vitesse, excès, synchronisation, simultanéité, instantanéité, voilà qui n’est pas sans rappeler le cadre d’expression de l’homme contemporain.

De ce dernier, j‘ai déjà posé l’hypothèse qu’il se fragmentait (voir articles sur l’individu), la question qui se pose à nouveau, en interrogeant ce fait de société, c’est de savoir si tous les fragments résisteront à des espaces comportementaux limités, et ce qu’il adviendra sous l’effet de la surcompression, du manque d’un espace d’expression de la  personnalité.

L’individu comme ville assiégée du dedans réussira-t-il à organiser la circulation entre tous ses fragments ? Peut-être fera-t-il le choix de l’inertie face à l’instantanéité de leur surgissement et à l’indécidable, sorte de destin radical qui semble même toucher aujourd’hui le fait du politique. Nous n’en avons pas terminé avec la notion de « border line »…

 

Marc Bozec



17/04/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 14 autres membres