Lecture de la crise?(29/10/12)

Quelle lecture adopter face à la crise de l’individu ? C’est sûrement là une question essentielle à laquelle aucun philosophe, aucun psychologue, voire aucun homme politique ne pourra échapper s’il veut faire preuve d’un peu d’honnêteté et de citoyenneté.

Le problème, c’est qu’aucune grille de lecture, d’interprétation n’est disponible et qu’il va sans doute nous falloir les inventer de toute urgence, pour autant qu’il puisse y en avoir ...

 

Il faut ici parler en terme de crise du nouveau sujet, plus qu’en terme de crise de l’individu. Si la notion d’individu est elle aussi atteinte par la crise, c’est essentiellement que ce qui s’est mis en place, là où existaient les liens du social, mais aussi le symbolique, c’est un déni systématique de l’altérité, du quant-à-soi, en ce qu’ils sont les fondements de l’individu. Ce déni à pour paradigmes l’acte consommatoire, l’excitation, le réseau et la répétition du même, l’immédiateté et le fragment ; c’est somme toute une sorte d’objectivation dynamisée de l’individu pour en faire le nouveau sujet (sujet de qui ? sujet à quoi ?, en tous les cas sujet de souffrance et de mal-être).

L’absence du symbolique en fait un sujet de l’excès sans la dimension sacrificielle inhérente aux échanges humains, à la constitution de l’humain. Ni don ni contre don, mais de l’excès pur et dur, de la perte de l’éparpillement et du fragment à tout va.

Alors que l’individu, en tant qu’être réactif et assumé est un obstacle au brouillage généralisé que l’on nous fait subir.

 

 La réflexion que pose Bernard Stiegler(conférence du 23 aout 2012 intitulée »pharmacologie du front national ») a pour mérite de s’extraire de toute forme de nostalgie au  profit d’une pensée dynamique, à l’affut de la modernité excessive et qui ne se prive pas d’en utiliser les supports. L’O.P.A généralisée sur le langage que pratique Google (lire à ce sujet l’article de Frédéric Kaplan sur le site du monde diplomatique) a un impact réel sur nos modes de pensée et d’investigation, comme le parler qu’utilisent les médias nous conditionne et nous formate. Ce sont, sur le même registre des modes de « contamination » qui procèdent en court-circuitant la pensée après avoir dans un premier temps contaminé le langage.

Stiegler pense que seule une participation vigilante et citoyenne portée par les supports des nouvelles technologies est à même, à l’instar d’une sorte de cheval de Troies, de redonner du sens et de refaire du lien. C’est la technique utilisée comme poison et remède dans la logique d’un « paharmacon ».

 

C’est poser la solution à la crise en terme de possible en s’appuyant sur des principes kantiens dont on aimerait qu’ils aient encore une place à tenir dans notre avenir. Force est de constater que nous sommes bien éloignés d’une telle perspective.

 

Nous vivons une époque de la contamination et du viral ; et c’est ce même mode viral qui a permis à l’homme d’évoluer : il semble aujourd’hui prouvé que tous les paramètres génétiques à l’origine de mutations, d’évolutions, sont d’origines virales.

Reste à pouvoir imaginer ce que cette « viralité » inhérente à la vie est en passe de nous préparer à l’avenir…

 

Face à la fragmentation déjà largement évoquée, que pourra-t-il donc être convoqué, faute d’unité du sujet comme du social, face à la sur-activation du viral qui ne manquera pas d’advenir ?

Peut-être faudrait-il entretenir une pensée elle aussi virale, qui s’inscrive dans le jeu de la « viralité » ?

Il y certainement tout intérêt à ce sujet à relire Jean Baudrillard, dont l’actualité de la pensée est sidérante.

Ce qui n’est pas à exclure, c’est que le système finisse par connaître son degré d’entropie et qu’il s’effondre sur lui-même (c’est une des limites à ce que propose B. Stiegler).

Ce n’est pas une raison  me direz-vous pour rester les bras croisés. Certes, et c’est bien là mon propos en faisant vivre le langage en réaction à ce que l’on veut nous faire cautionner du réel à grand renfort de simulacres.

Et je serais tenté de conclure qu’hors du langage et de la véritable édification de l’individu, point de salut. Amis lecteurs, à vos singularités…

 

 

Marc Bozec.

 



30/10/2012
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