le confusionisme (26/02/14)

La confusion règne entre les notions de parité et d’égalité, au point même qu’on les confonde, qu’on les réduise au même.

Cela n’est semble-t-il pas un hasard car l’homogénéisation, l’indifférenciation sont dans l’air du temps. Nos sociétés néolibérales qui gèrent tout en termes de flux, ont posé là une réponse qui n’en est pas une à la question de l’identité, de la place et du rôle à tenir. Cette réponse procède du déni de la différence, de la position « asymétrique » entre homme et femme, entre individus de même sexe, entre parents et enfants.

Or, sans cette asymétrie, pas d’altérité, pas de singularité ; juste un sujet à, un sujet de.

Sans cette asymétrie, aucune place pour l’Autre, pour le désir, mais un sujet avide d’être à vide, à vide de l’autre et de lui-même. Si on ajoute à cela la gestion de l’humain à flux tendu (flux tendu d’émotions, de pulsions, de droits revendiqués, de procédures systématiques, de plaintes, de consommation,…), la dimension même du désir, qui procède de la mise à l’écart, dans la conscience cependant d’être soi, se trouve réduite à des pratiques addictives dans l’immédiateté : l’assouvissement doit être intégral jusque dans l’expression et la revendication de son impossibilité. La seule temporalité réside alors dans la succession de séquences répétées, de fragments consuméristes axées sur la possession de l’objet, de réductions de l’autre comme objet.

Il n’y a même plus d’enjeu de pouvoir réel qui poserait un individu comme ayant prise, voire autorité sur l’autre, sur les autres dans une réciprocité de reconnaissance des statuts et des fonctions. Assumer, revendiquer un pouvoir c’est revendiquer la différence, l’asymétrie et cela peut mettre au quotidien dans une position vulnérable, sauf à vouloir se positionner sur le registre de la réponse émotionnelle à tout vat (qu’on se souvienne de la présidence Sarkozy…)

Il n’y a plus rien ni personne qui fasse autorité ; l’autorité est un frein à la jouissance et un obstacle à la gestion des flux. Seul l’excès et le flux d’excès se sont arrogés cette autorité et se sont érigés en paradigmes incontournables. L’émotion a fait le reste.

Ce constat, nous le faisons au quotidien face aux élèves, mais aussi face aux injonctions gouvernementales. Le savoir pose problème et la transmission de ce savoir n’est plus de mise (et que dire du « se savoir » !).

Ainsi, comme l’écrit Jean Pierre Lebrun « qui dit constitution du savoir dit obligatoirement consentement à une hiérarchisation, à une mise en ordre. En refusant toute hiérarchisation, c’est donc la constitution du savoir que l’on menace. »

Il va de soi que face à un sujet fragmenté, cette hiérarchisation, cette mise en ordre pose problème, ce d’autant que de moins en moins, l’enseignant, pour ne parler que de lui, soit en mesure de faire autorité. Plus que contesté, il se trouve aujourd’hui récusé au profit de la  toute puissance narcissique de l’enfant autant que de celle des parents. Ajoutons à cela les nombreux dénis qui gravitent autour des élèves…

Affaire à suivre…

 

Marc Bozec.



26/02/2014
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