La science, la délégation, et le corps (09/08/12)

 

Nous sommes passés d’une foi en la science à une dévotion pour la technologie liée à l’informatique.

Il y a une sorte de transfert qui s’est opéré en direction des programmes informatiques, doublé d’une certaine délégation de pouvoir.

On tend vers des systèmes qui vont s’auto-améliorer et se substituer à l’humain dans un grand nombre de tâches, cela, pour lui faire gagner en vitesse et avoir le sentiment de bénéficier d’encore plus de temps. Ce sont les jeux olympiques permanents de la vitesse et de la surenchère technique.

Un peu comme dans la Rome antique, qui à la fin de l’Empire voyait la cité aux mains des esclaves, et cela à force de délégation, nous tendons vers une société hyper-technique de la « surdélagation ». (Repensons alors avec amusement à la dialectique du maître et de l’esclave…)

A cela, il faut ajouter l’idée de performance qui sous-tend déjà la plupart de nos actes, et qui déjà a pris la forme d’une injonction sociale (il faut être le meilleur à tout moment et sur tous les registres confondus).

La résultante en est qu’il faut se tenir en permanence sur la brèche par le truchement de la consommation de nouveaux produits nano technologiques de crainte d’être dépassé.

Il existe encore une forme de rapport « distancié » à la technologie, ce malgré une dépendance déjà : pourriez-vous vous passer de votre téléphone-ordinateur portable ?

Cette distance est encore physique, bien qu’il semble parfois que l’individu soit le prolongement de son portable et non l’inverse ; il y a encore un, des gestes à effectuer pour l’utilisation des « machines »…

Il faudra peu de temps au regard des avancées rapides de la recherche pour que les nano technologies investissent notre corps (et le mot investissement garde bien là un double sens !).

On annonce déjà que la nano médecine pourra sous peu fabriquer et remplacer n’importe quelle partie du corps. Il faudrait déjà se faire à l’idée d’un être hybride parcouru de nano robots en charge de notre santé.

Là encore une délégation, pour notre mieux-être nous affirme-t-on. Les progressistes, en la matière, revendiquent d’ailleurs un humanisme de « gauche » et s’enthousiasment sans réserve pour le transhumain. La réceptivité à toute nouveauté technologique semble être ce qui sert de fondement à leur éthique.

Reste à savoir ce qu’il adviendra d’un corps, redevenu en quelque sorte « corps-machine » sillonné d’objets dont on peut penser qu’en toute autonomie ils pourraient dessiner une bien étrange carte de l’humain.

Un corps fragmenté par la technologie ne survivra-t-il pas au péril de sa propre unité ?

La machine sera bien « huilée », efficace et performante : ce sera là un impératif catégorique auquel vraisemblablement il ne fera pas bon s’opposer…

Nous verrons lors d’un prochain article que cela ne sera pas sans poser de redoutables problèmes comportementaux…

 

Marc Bozec.



09/08/2012
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