Individu et unité

Individu et unité, indivisible. Voilà les maîtres mots, ceux des présupposés, de la lecture possible, de la réponse  à la question non résolue de ce qu’est un individu. Difficile de la trouver cette unité tant elle se dérobe à toute identification. Si l’on peut identifier un individu, cerner une individualité, difficile de définir ce qu’est un individu. Ce qui est observable aujourd’hui, ce sont des fragments, des instantanés fulgurants, dans un temps qui est celui de l’immédiateté d’un temps hyper compressé.

Si un individu se définit en partie par son histoire, le « comment il s’est construit », il s’illustre aujourd’hui par une mise en scène qui tend à s’extraire de toute historicité. Personne ne doit rien à personne et surtout pas à ses géniteurs. Every body is a self made man… Alors on donne à voir du fragment dans la jouissance de l’instant. Chaque fragment est autonome et se revendique comme tel. Entre les fragments une zone vague faite d’oubli et de déni. C’est comme si l’individu trop à l’étroit en lui-même face aux sollicitations qu’il subit étendait l’espace de son expression en en variant les références. On peut ainsi être la chose et son contraire en se justifiant du nécessaire festif inhérent à l’homme contemporain. La solution à tout dilemme étant l’autoréférenciation. C’est bien ce qu’appliquent bon nombre d’adolescents pour se justifier de tout. Certains politiques ne s’en privent pas d’ailleurs en s’appuyant sur des vecteurs émotionnels.

A société du spectacle, du festif et du tout à jouir, un individu, ou plutôt un sujet en représentation permanente et en quête de jouissance. Face à la difficulté d’être, le fragment est aussi une solution, une soupape de sécurité qui permet de garantir ce que l’individu semble être devenu, à savoir un espace virtuel et distendu de fragments autonomes. La nécessaire expérimentation face au monde en multiplie le nombre ; on ne sait pas pour autant si ce même espace est extensible à l’infini. Sa limite est sans doute celui de l’Autre, des autres. Et la part du conflit entre individus et au sein de chaque individu est en passe de prendre des dimensions délétères. Dépressions, conflits procéduriers, perte de la valeur du symbolique, enfermement, autisme social, addictions, il y a de la « désindividuation collective » dans l’air.

En restera-t-il un « sujet à », « un sujet de », voire même un sujet, mais de quel verbe ?

M. Bozec. (mars 2012)



08/03/2012
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