Individu et société

Il y a une injonction sociale à la jouissance et à la consommation. Elle procède de l’expression d’un désir sans histoire : pas le temps de désirer, il faut jouir dans l’instant. Nous vivons une ère « d’économie libidinale » (B Stiegler).

D’où le fragment réactif et le présent sacralisé. A l’origine de cela, qui sait, une défiance face à l’expression d’un individu assumé, d’un sujet fort de son quant-à-soi, de sa singularité.

Sans doute parce qu’il n’y a aucune réponse sociale prête face aux éventuels questionnements, aux réactions de ce qui serait un électron libre.

Fragmentation, jouissance, déni de l’individu hors de sa propre consommation, de sa propre consumation. Pas de valeur donnée autre que celle du consommable, de l’individu consommable, de l’individu cible.

Sans cohérence sociale véritable, l’élément « individu » est dangereux. Cependant, l’hyper instabilité de tous ces fragments n’ouvre-t-elle pas au possible d’une expansion incontrôlable qui pourrait avoir raison du système ?

L’autre, comme acteur de sa propre jouissance, est vécu comme un obstacle potentiel, un concurrent. Le modèle entrepreneurial américain, dans lequel chacun évalue l’autre, n’est pas sans entretenir une atmosphère de suspicion, voire d’instrumentalisation et de haine de l’autre comme de soi-même. On ne s’aime pas en tant qu’unité, on se fuit par fragments successifs.



10/03/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 14 autres membres