hypersexualisation
Sex or no sex ? Etonnant et révélateur ce rapport sur l’hypersexualisation des enfants… Voilà qu’après avoir posé les bases d’un adultomorphisme furieux, on s’inquiète des dérives qui ont lieu, du moins celles apparentes. Celles plus profondes sont pour l’instant passées à la trappe.
Après avoir donc plaqué quelques vertus d’urgence en réponse au désarroi éducatif du moment (enfant citoyen, enfant acteur de sa pédagogie, enfant décideur et convoqué sur le registre de sa « responsabilité », de son autonomie…), voilà que l’on s’inquiète (et à juste titre) de le voir se parer des habits de l’adulte libertin.
Le questionnement me parait être tout autre : pour rejoindre celui de Robert Dany Dufour, n’assisterait-on pas à une forme détournée de pédophobie ? En d’autres termes jusqu’où traquera-t-on l’enfant pour le priver de son enfance ? Et sur un autre registre jusqu’où traquera-t-on le sexe pour qu’il ne soit plus ?
Si des dérives libertaires soixantuitardes faisaient de l’enfance le dernier espace à conquérir et à investir du sexe, voilà que dans la confusion des deux on neutralise l’un et l’autre.
Plus de sexe, mais un genre dont il faut se prévaloir, plus d’enfance, mais un no man’s land dans lequel les adultes se refusent à s’aventurer et qui les tient à distance de tout acte éducatif assumé, et qui les préserve d’avoir à prendre en charge le symbolique parental justement transmis par le sexe. (Et oui la parentalité est une maladie sexuellement transmissible, et la sexualité des enfants existe bel et bien et non sans rapport avec cette même symbolique que les parents n’ont d’autre choix que de prendre en charge !)
Et que dire des adultes en proie à une « jeunification » forcenée qui les fait même parfois se parer des habits de l’adolescence ?
Tout cela procède d’un amalgame qui en dit long sur la confusion qui règne et sur le simulacre ambiant.
Il va de soi qu’il nous faut réagir à de telles pratiques mais qu’il faut aussi nous interroger sur ce que nous laissons comme marge au devenir de nos enfants.
Marc Bozec.