Face book : l'effet boomerang...(06/05/12)

La mise en scène de soi sur les réseaux sociaux comme mise en jeu narcissique d’un multiple revendiqué comme tel, (et posée comme expression d’une individualité qui a prétention à la singularité), semble être en prise avec la réversibilité.

Le multiple, donné à voir sous forme de fragments séquentiels, a pour but inavoué mais perceptible  de noyer le poisson, de brouiller les pistes. Celui qui met en scène la représentation fragmentaire de soi ne revendique en rien la singularité dont l’indentification est la base : en effet, si je suis singulier, je tiens à ce que l’on me reconnaisse comme tel, et je fais de cette singularité un tremplin de mon identité. C’est ce qui animait les dandys du 19ème siècle qui savaient jouer des apparences et ériger leur vie en œuvre d’art : apparaître, et disparaître, étaient pour eux le moyen de se singulariser, et ils savaient y mettre les formes. Ce n’est pas pour autant qu’ils étalaient leur véritable état d’âme en public ; ils jouaient réellement leur propre personnage, se singularisaient donc, en préservant leur intimité, et en affirmant leur individualité.

Les technologies d’identification automatique peuvent aujourd’hui utiliser le répertoire de face book (900 millions d’utilisateurs, 250 millions de photos mises en lignes par jour) pour identifier un visage inconnu.

Les photos sont géo-localisées, datées, et on connaît le nom de ceux qui y figurent. Face.com a même lancé une application qui permet, lors d’une conversation avec un smartphone, d’identifier le nom de votre interlocuteur, lequel apparaît sur écran lors de la communication.

Il suffit, par ailleurs, d’un seul visage pour récolter une masse d’informations sensibles sur une personne, même « noyée » dans la foule. Plus d’anonymat possible…

Voilà donc tous les artifices de l’apparaître/disparaître « festivo-jouissif » en vogue détournés et retournés : voilà le roi nu !

Tous les fragments devenus autonomes et référencés par tous les « amis » que l’on se hâte de mettre en avant sur le Net qui vous reviennent en pleine face et vous identifient !

Il y a vraiment de la réversibilité dans l’air…

 

Marc Bozec.

 

(réaction à un article de Yves Eudes parut sur le site du monde le 04/05/12, « souriez…)



06/05/2012
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