et encore du déni (18/10/22)

« A célébrer l’humain en lui épargnant la peine d’avoir à se constituer, on lui rend un mauvais service ». (Marcel Gauchet)

 

Cette constitution passe par le symbolique, par le pacte symbolique avec ce qu’il a de fluctuant en ce qu’il unit comme il désunit, rapproche comme il éloigne les protagonistes, dont on sait que l’un des deux peut être un objet. (Rappelons qu’objet signifie, entre autre, « jeter à la rencontre de »). Elle passe par la prise en compte de l’autre et par les traces édifiantes de sa présence intégrée : encore une fois, nous ne sommes que des pièces rapportées comme le disait Montaigne.

 

Et cette constitution aujourd’hui pose problème. Le nouveau sujet ne conteste plus, il récuse, et ce avec d’autant plus de force qu’il est en phase avec l’objet de son désir initial non refoulé, ce que renforce une société dans laquelle l’autorité est récusée au profit de la jouissance immédiate sur un registre incestuel et « néolibéral ».

 

« Le sujet, ainsi laissé à lui-même est alors livré à la seule compétition intrapsychique entre la jouissance et le désir » (Jean Pierre Lebrun in « les couleurs de l’inceste »).

 

Alors, face au réel, la solution la plus économique, c’est le déni. Là où il y avait du refoulement, il y a maintenant du déni. Ce déni est plus que jamais renforcé par une chasse au négatif dans une hystérie à la production de soi. Ainsi le déni s’inspire de la diversité « en tant que terme néolibéral (qui) est une ressource qu’il est possible d’exploiter (…) opposée à l’altérité qui se dérobe à toute exploitation économique » (Byung-Chul Han). C’est le fait d’un sujet clivé dont le déni semble même s’appliquer à lui-même, en tant que moteur, dans le souci d’une économie du conflit. Ce sujet est en souffrance et en déréalisation ; ainsi il se met en retrait pour ne pas de « commettre ».

 

En ce que ce déni court-circuite la relation à l’autre et qu’il ne peut pas intégrer le symbolique, la loi comme la règle, je pense sincèrement que nos démocraties sont en danger et que le premier autocrate venu qui saura jouer de ce même déni a de beaux jours devant lui. C’est ce que Vladimir Poutine illustre à nos portes.

 

Marc Bozec

 



18/10/2022
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