Emotion(suite) 22/07/12

Ce qui va se jouer, c’est la fusion ponctuelle de fragments, par le vecteur émotionnel, au détriment du lien social. Ce sera une fusion sans mémoire, exprimée dans l’immédiateté d’une séquence de revendication. Et l’on peut supposer que ces séquences vont se succéder à une vitesse vertigineuse, celle qu’autorise les nouvelles technologies de la communication, mais aussi celles de la génomique, de la biologie, de la médecine. Il y a dans ces domaines une accélération fulgurante qui ne permet même plus de prendre du recul, d’exprimer un point de vue éthique : c’est la sidération qui fait loi. La fulgurance des progrès techno-biologiques est telle qu’elle se développe de manière exponentielle. Il y a une sorte de radicalité de l’instant hyper compressé. Au moment même de l’annonce d’une innovation, les ordinateurs qui en ont déjà intégré les données, ont déjà pris une avance considérable. Tout cela prend l’allure d’une forme de fatalité radicale.

Cela s’illustre particulièrement à travers ce qui se profile autour de l’humain, de son corps, de ses maladies, de son patrimoine génétique comme de ses fonctions cognitives. On parle déjà de transhumain et de posthumain. Il se pourrait fort que ce dernier terme ne parle de l’humain qu’à titre posthume : ce qui se prépare, c’est un sujet de la performance,  plus que jamais fragmenté par le désir, les désirs successifs d’une perfection froide.

Rien ne semble pouvoir arrêter la (et les) machine(s), bien au contraire : c’est par la pression de l’émotion, relayée par les réseaux informatiques et de communication, qu’elle va prendre de la vitesse. Tout ce qui pourra guérir (au sens vraiment très large, jusqu’à englober celui de l’illusion) fera l’objet de pressions émotives fortes au nom des droits de l’homme et du droit légitime à la santé ; et face à l’émotion, la raison ne pourra rien faire d’autre qu’entériner les nouvelle pratiques, et ouvrir grande la porte à toutes les dérives, à l’expression de tous les fragments. Ainsi, n’y aura-t-il sans doute plus de vision globale à moyen ou long terme, mais une frénésie de l’instant consommé. Toute forme de perspective sera à reconsidérer sous le jour de la vitesse qui va rajouter un paradigme supplémentaire au nouveau sujet plus que jamais fractionné…

 

Marc Bozec.

 

PS : au sujet des nouvelles technologies médicales, lire le très intéressant ouvrage du Dr Laurent Alexandre chez JC Lattès : «  La mort de la mort »



22/07/2012
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