Du temps (mai 2016)

Le temps tel que perçu, généré aujourd’hui, est un temps de l’immédiateté, un temps de la rupture. C’est le temps ponctuel de l’agitation, de la précipitation, de la jouissance, extrait de toute dimension symbolique, gratuite, de son expression ancienne. Nous sommes passés d’un temps qui était perçu comme défini par la notion de projet, qui prenait en compte l’existence d’un présent comme d’un passé et surtout d’un futur, à un temps de l’hyper réalisation immédiate dont les paradigmes sont nés de la conjugaison des pulsions et de l’affect confondus.

Ce temps est celui de la discontinuité et de la précipitation. Il faut y voir en jeu la réversibilité convoquée par l’excès.

 Le présent tout en devenir, tel que perçu au temps des Lumières, est devenu celui de la production d’un devenir exprimé dans la perception d’un présent laborieux, industrieux, industriel et extrêmement volatile ; ainsi constate Byung-Chul Han, « l’homme devient sujet de l’histoire face au monde en tant qu’objet productible ».

 Le sujet produit alors du sujet, pour avoir épuisé toute autre forme de production qui le compromettait et l’identifiait. Et c’est là qu’est la revanche de l’excès : il fait que le sujet se produit lui-même à flux tendu, alors qu’il avait prétention, dans une perception rédemptrice de la production d’objets, à se définir et à se défiler sur un registre industrieux et prétentieux visant à la maîtrise de tout objet.

Somme toute, pour reprendre l’expression Baudrillardienne, l’échange est impossible ! Plus alors d’espaces intermédiaires de temporalisation, mais des séries impactées de fragments du sujet en absence totale de gravité et d’apesanteur.

Le sujet se défini alors comme un précipité réactif instable et aléatoire.

L’actualité quotidienne semble malheureusement confirmer ce constat… Sans doute faudrait-il quelque sursaut philosophique salvateur. A condition, bien sûr, puisqu’il n’est pas de philosophe hors de son temps, que la philosophie elle-même ne se soit pas laissée contaminer pas l’excès de son propos et de ses attendus. Une saine relecture de Nietzche et de Baudrillard ne ferait sans soute pas de mal…

 

Marc Bozec.



16/05/2016
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