DEBLOG AGAIN...(21/09/14)

Je me suis laissé, à dessein, un long moment exempt de toute écriture. Et ce temps a son importance, et cela même s’il est absorbé dans la mouvance temporelle du moment.

Je devrais d’ailleurs parler d’une mouvance qui se voudrait extraite, mais qui est paradoxalement surinvestie dans l’idée du temps, d’un temps particulier.

Le temps en tant que tel nous échappe à plus titre, ce que nous cherchons à maîtriser n’en est que la représentation, l’étalonnage.

La perception du temps et les attentes face à ce dernier semblent glisser de la fragmentation à l’hyper concentration.

On passe d’un temps fragmenté, plutôt que découpé, à un temps dont on voudrait qu’il concentre en un seul point toutes les expressions des possibles dont il pourrait être l’espace ( !).

C’est là, bien sûr, la tyrannie de l’immédiateté, avec cela de différent que l’intensité de l’exigence face au temps va croissante, et cela même jusqu’à ne viser qu’un temps extrait de toute temporalité autre que celle, réductrice, de l’instant.

C’est le temps de l’Histoire qui est récusé au profit de celui de l’impact.

Le nouveau sujet, nous l’avons déjà évoqué, s’extrait de toute cette temporalité dont est faite son histoire et dont il veut s’émanciper au profit d’une autoréférenciation qui lui permette d’être insaisissable dans la constitution, la fabrique immédiate de ce qu’il donne à voir.

La psychanalyse a eu la géniale intuition de faire de cette temporalité marquée de notre histoire le terreau de la mythologie de chacun.

Aujourd’hui, cette mythologie se voudrait surgir d’un point zéro pour s’effondrer dans l’instant qui suit.

Narcisse ne cesse de changer de miroir et tente de disparaître avant même que son reflet ne s’y imprime et lui soit apparu : ce qui lui importe, c’est le surgissement et l’idée qu’il se fait de la trace éphémère qu’il pense avoir impulsé.

L’hyper concentration du temps n’est pas sans poser problème ; la dimension de ce temps, de son expression, frôle l’état d’entropie. La charge temporelle devient instable, à l’image du nouveau sujet. (Narcisse aurait-il alors raison ?)

Tout concourt à « surcharger » ce temps : le nombre de tâches professionnelles augmente dans un laps de temps qui se réduit de manière inversement proportionnelle aux exigences de quantité et de vitesse d’exécution ; l’espace privé est aussi contaminé, comme par souci de compensation, par une consommation trépidante d’activités soi-disant épanouissantes.

Somme toute, la jouissance face à l’angoisse, comme thérapie de l’urgence.

Le rapport au temps se décline ainsi sous le paradigme de l’injonction.

Il va de soi que cela ne pourra durer éternellement sans quelques « burn out » spectaculaires, sauf à vouloir supplanter l’humain par un système essentiellement binaire.

La succession de 1 et de 0 semble bien être, dans sa répétition accélérée, une sorte de coucou annonciateur de quelque dérèglement majeur à venir…

Alors, « débloguer », c’est une forme modeste de réaction, de résistance face à l’injonction ambiante de la production : il ne faut point trop nourrir la bête, à moins qu’on ne puisse la neutraliser sur son propre terrain, celui de l’excès de la production jusqu’à l’implosion, l’effondrement. Auquel cas, ma retenue sera restée sans effet…

Quoi qu’il en soit nous ne sommes pas innocents dans ce jeu de dupe :

« (l’individu ») « C’est un converti à la religion sacrificielle de la performance, de l’efficacité, du stress et du timing - liturgie bien plus féroce que celle de la production -mortification totale et sacrifice sans appel aux divinités de l’information, exploitation totale de lui par lui-même - stade ultime de l’aliénation. »

Jean Baudrillard in L’illusion de la fin- ed Galilée 1992

 

Et pour cela quel autre choix a-t-il donc que de s’en prendre au temps ?

 

A bon entendeur, salut !

Marc Bozec.

 

Ps : Le temps, comme l’espace aurait-il des limites ?

 



21/09/2014
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