Au sujet de l'écran( 12/02/13)

De support, l’écran est devenu médium, et de médium vecteur.

Le présupposé en cours est qu’il s’agit d’une surface neutre par laquelle on interagit sur le monde. Si l’on regarde l’écran, il va de soi que lui ne nous regarde pas. Et en effet, il ne nous regarde pas, mais il en revanche, il nous absorbe, nous neutralise d’une certaine manière et se vectorise, catalysant nos réactions sur un mode émotionnel.

Il est devenu aussi un prisme relationnel incontournable, celui qui préside à la mise en scène de soi face à l’autre mais aussi face à soi-même.

C’est le phénomène « face book » qui l’illustre le mieux.

Ce qui devient significatif, c’est qu’en présence même de l’autre, il faut le vecteur de l’écran pour que la relation s’établisse, se confirme et perdure.

Si la publicité reste  plus que significative de nos déviances, les mises en scène sont aussi de plus en plus envahies par ce processus : on peut même y voir un couple flirtant par le biais d’une tablette numérique. Quant aux images de la réalisation de soi, elles ont toutes pour support un écran ; et l’on passe de séquences de vie en séquences de vie comme on utilise un écran tactile.

Le procédé de commande tactile est aussi à lire sur le mode de la réversibilité : est-ce bien le sujet qui manipule, qui touche l’écran, ou est-ce l’écran qui se saisit du doigt, de la main, du corps et du regard ? Ainsi, il nous inclut dans son espace hyper compressé dans lequel on finit par être absorbé, neutralisé en se croyant actif (pris dans le simulacre de l’activité).

L’infini que suggère l’écran est ce leurre auquel on confie notre finitude dans l’espoir de la voir disparaître elle aussi.

 

Marc Bozec.



12/02/2013
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